Porte-parole de cette extrême droite fanatique dénoncée dans White Terror, voguant entre suprématisme religieux et dégouts racistes, le mouvement Blood & Honour sert ici de fil conducteur au réalisateur. Telle une piste « politique » volontairement négligée par la Justice. En Suisse bien sûr, où les Chevaliers de l'Ordre aryen se réclament et font la réclame -en toute impunité- de l'idéologie incandescente du B & H Movement. Mais aussi en Suède, devenue un Eden de l'extrémisme européen, où la propagande basée sur « les divertissements racistes » par ! vient à racoler une frange non négligeable de la jeunesse. Jäsä, un skin d'Helsingborg, est l'un des patrons de cette industrie de la haine : devant les caméras, il vous explique comment, à travers les concerts de musique « White power », le public touché (essentiellement des jeunes garçons de 14 à 17 ans), bien pris en main et formé, deviendra une armée de combattants pour la défense de la race blanche. « Les concerts sont nos bureaux de recrutement ». Idem dans l'interview foireuse d'Erik Blücher qui n'est pas un skin mais « l'éminence grise » de Blood and Honour en Scandinavie -un véritable go-between qui fait le lien avec les néo nazis du continent américain où le cinéaste va poursuivre son enquête. On l'aura donc vite compris : Blood and Honour n'a rien d'un mouvement folklorique ou exotique. Dernier exemple en date, à la proximité alarmiste : le 7 septembre dernier, avec l'arrestation de 17 militants belges (dont onze militaires) qui, selon la presse, « étaient prêts à passer à l'acte sur notre territoire »... Tous affiliés au mouvement « Blood, Bodem, Eer, Trouw » (Sang, terre, honneur, fidélité), version flamande du mouvement...« Blood and Honour ». En l'occurrence, BBET s'était déjà fait remarquer ces derniers mois par des cérémonies à la mémoire de Hitler, d'anciens SS et des volontaires du front de l'Est. Son idéologie ? Du nazisme à l'état pur. Au lendemain du double crime raciste perpétré le 11 mai à Anvers par Hans Van Temsche, le site du BBET faisait d'ailleurs de cet assassin « un héros dont la Flandre peut être fière », invitant ses sympathisants « à continuer de faire couler le sang noir »...