Les femmes mauritaniennes ont la réputation de s'affirmer. Elles servent le thé et ça coule et ça gicle. Leur parole est libre. "Je suis une femme forte, convaincue d'être plus forte que beaucoup d'hommes". Mais une fois mariées, leur corps appartient à leur mari. Katy Ndiaye est indiscrète. Elle veut tout savoir. "Quand j'ai envie de lui, je lui dis, il s'exécute". Si une des femmes lui dit qu'elle finit par la fatiguer avec ses questions, les autres répondent sans détours, ce qu'une femme dit lorsque l'homme est absent à une autre femme qui lui parle amour et séduction. Ocres rouges des murs, couleurs chatoyantes des tissus, paroles sensuelles des femmes, pétrissage des enduits colorés pour les murs... C'est parce que sa caméra, qui reste volontiers fixe, se fait proche des gestes, des couleurs, des regards et qu'elle laisse à ces femmes le temps d'exister à l'écran que Katy Léna Ndiaye échappe à la belle image pour capter le rythme des êtres. Dans cette contemplation sans commentaire, souvent photographique, des ocres, des architectures, des danses, de la décoration des murs ou de la peinture des mains au henné, l'esprit y va de sa propre humeur vagabonde, si bien que ces femmes du fond du désert nous deviennent singulièrement familières. Ni identification, ni folklorisation