Voici donc l'autoportrait d'un enfant d'ouvrier américain, qui a grandi dans un monde où l'on changeait de voiture tous les ans, où l'on partait en vacances à New York, oû, chaque année, papa gagnait un peu plus. Une belle séquence montre justement le père de Michael Moore devant un immense terrain vague où se tenait, il y a encore quelques années - au siècle dernier, dans un autre âge -, l'usine automobile pour laquelle il travaillait. Dès 1989, le réalisateur filmait le démantèlement de l'industrie automobile sur le territoire des Etats-Unis, raillant l'impuissance des syndicats, appelant à la révolte. Aujourd'hui, Michael Moore oscille entre la satisfaction masochiste du prophète de malheur à qui le temps a donné raison et la mélancolie de l'ex-petit garçon chassé d'un eden capitaliste qu'il a tant aimé.